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Canon anti-aérien de 40mm Bofors 40L60 (retiré du service)

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Jean-François BRILLANT
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Canon anti-aérien de 40mm Bofors 40L60 (retiré du service)

Message par Jean-François BRILLANT » sam. 14 août 2010 18:42

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Canon de 40mm Anti-Aérien modèle 1939 modifié 1955 :

Avant même le début de la 2e Guerre Mondiale les armées britanniques et américaines adoptent pour leur défense anti-aérienne un matériel conçu par la firme suédoise Bofors, de calibre 40 mm et de longueur de tube 60 calibres (40L60). Sa vitesse initiale est de 850 m/s pour un obus de 890 grammes dont 68 grammes d’explosif. Le modèle d’origine est tracté et pointé manuellement par deux servants utilisant des grilles pour la correction de tir.
Dès 1936, l’Amirauté britannique équipe ce canon d’une commande électro-hydraulique qui permet des vitesses de pointage d’environ 20 degrés par seconde, ainsi que d’une commande à distance par poste optique et calculateur.
En 1942, les USA conçoivent pour ce canon une télécommande hydraulique plus rapide (environ 30 degrés par seconde).
Ce canon constitue le matériel majeur de l'artillerie sol-air des armées alliées pendant la 2e Guerre Mondiale et l'Armée Française en reçoit plus de 600 exemplaires lors de son rééquipement à partir de 1943.
Si la France n’a jamais fabriqué ni les armes ni les affûts de 40L60 elle obtint de Bofors, en contrepartie du versement de royalties, un droit d’utilisation et de maintenance, sans véritable licence au sens juridique. Ce droit d'usage concerne aussi bien les matériels terrestres que ceux installés à bord des bateaux de la Marine Nationale.
Bon nombre des canons de 40 AA en service dans les Armées françaises à la fin du conflit mondial sont équipés de télécommandes aux performances limitées.
L’équipement de conduite de tir consiste en un poste séparé, le PC-M5, et un groupe électrogène. Il ne permet pas de poursuivre des avions rapides, voisins de la limite sonique. Les puissances du groupe électrogène et des télécommandes limitent en effet les vitesses de pointage à la moitié de ce qu’il aurait été nécessaire.
Sur demande de l’Etat-major, le service technique de la Manufacture de Levallois (MLS) entreprend une modernisation, dite à deux pointeurs , puis une autre, à un pointeur, en
collaboration avec le CETI (Centre d’Etudes Techniques et d’Inventions) et avec la Précision Moderne.

La première modernisation (Cn 40 AA 39-52)

La mise au point de cette première version modernisée, dite "à deux pointeurs", commence en 1947 et comporte de profondes transformations :
- élimination de la conduite de tir,
- modification du groupe électrogène permettant son démarrage depuis l'affût,
- transformation des groupes de télécommandes,
- transformation des chaînes de pointage des télécommandes américaines pour venir en assistance au pointage selon un principe développé par le Massachussets Institut of Technology (MIT) pour les postes de pointage de calculateurs d’armes de 40 mm et 90 mm. Ce pointage dit "aidé" consiste en une addition, sur un différentiel, du mouvement venant du volant de pointage en position et du mouvement à vitesse variable venant d’un variateur de vitesse. Cette organisation permet d’obtenir des vitesses angulaires de poursuite de 40 degré par seconde en gisement, et des vitesses de ralliement approchant 80 degrés par seconde.
- la correction de tir est réalisée et fournie par un correcteur Le Prieur-Ricordel, grâce à l’affichage par le servant correcteur de la vitesse estimée de l’avion et de la direction de son vecteur vitesse.

Les vitesses de pointage obtenues imposent la mise en place d'un casier de pré-approvisionnement des chargeurs de quatre coups sur la plateforme tournante, le canon étant chargé manuellement. Quatre servants prennent place sur la plateforme : deux pointeurs, un correcteur et un chargeur.

Après des essais très poussés, le matériel est adopté sous la dénomination de 40 AA 39-52 et la modernisation appliquée, entre 1951 et 1954, à plus de 200 affûts munis, à l'origine, de télécommandes américaines.
A la même époque, des approvisionnements de rechanges permettent de renouveler les pièces d’usure (tubes des canons, etc. ….)

La deuxième modernisation (Cn 40 AA 39-55 T1)

La première modernisation est appliquée à tous les matériels de 40L60 dits "modernes", c'est-à-dire pourvus – dès l'origine - d’une télécommande. Il reste dans les réserves de l'Armée de Terre plus de 400 affûts qui en sont dépourvus.
Dès 1952, la Manufacture de Levallois est chargée d’étudier leur modernisation. Les progrès de l'hydraulique permettent la suppression d'un des deux pointeurs grâce à la mise au point d'un système de pointage directement dérivé de celui du char léger AMX13. L'emploi d'un correcteur de visé performant rend inutile la présence du correcteur. Ne reste donc sur la plateforme qu'une équipe de deux hommes : un pointeur et un chargeur.
La STAT se montre très intéressée par le projet mais demande le remplacement du viseur Reille-Soult par un correcteur Le Prieur-Ricordel dérivé de celui des Cn 40 AA 39-52, permettant au pointeur d’assurer la correction du tir. L'équipe en plateforme reste donc de deux servants.
Un moteur Bernard de 5CV, placé sur la partie tournante, entraîne deux pompes à débit variable commandées par la "bête à cornes" du pointeur. Les moteurs hydrauliques sont fixés directement sur les pointages existants. Ceux-ci atteignent désormais 100 degrés par seconde en gisement et 50 degrés par seconde en site.
Après de nombreux essais, la modification est adoptée et les pièces modifiées sont mises en service sous la désignation de Cn 40 AA 39-55 T1.

Le correcteur Le Prieur-Ricordel

Le correcteur LPR (Le Prieur-Ricordel) est conçu et utilisé avant 1939. Il est produit par la société La Précision Moderne.
Le principe consiste à reproduire homothétiquement le polygone gauche de l’espace dont les sommets sont :
la pièce d’artillerie P,
l’avion actuel A0,
l’avion futur A,
l'intersection A' de la verticale passant par A avec l’axe du canon, de sorte que A’A représente
"l’abaissement balistique" du projectile.

Ce polygone, matérialisé par des tiges métalliques, est monté sur la masse oscillante, le segment PA’ étant fixé sur une poutre solidaire du canon. Sa longueur est donc fixée et il en résulte que le facteur d’homothétie est proportionnel à l’inverse de la distance de la pièce à l’avion futur, grandeur a priori inconnue, ce qui implique des approximations qu’il serait trop ardu de détailler.
L’avion est représenté par une image solidaire d’un plateau, et le pointeur-correcteur doit :
d’une part aligner ce symbole parallèlement à l’avion qu’il observe,
d’autre part afficher la vitesse estimée de cet avion.
Le plateau est maintenu fixe en direction dans l’espace par des systèmes de contre rotation en azimut et en site, de sorte que l’orientation estimée de la trajectoire de la cible n’a pas à être retouchée, du moins si celle-ci évolue en ligne droite, suivant l’hypothèse habituelle du tir anti-aérien.
L’abaissement balistique est introduit grâce à un camoïde et il est aussi possible de prendre
en compte l’effet du vent.
Les éléments ainsi fixés, le tireur suit l’avion dans sa lunette, et les déformations du polygone font que le canon se pointe, non parallèlement à la lunette, mais bien vers l’avion futur corrigé de la hausse.
Les férus de mathématiques pourront se reporter aux travaux de Marcel DERAMOND pour une description plus précise et une discussion sur les approximations faites.

Source :
LES ARMEMENTS DE DEFENSE ANTI-AERIENNE PAR CANONS ET ARMES AUTOMATIQUES
par les ingénieurs généraux René LESAVRE et Michel de LAUNET
Centre des hautes études de l’armement
Division Histoire de l’armement
2007
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Re: Canon anti-aérien de 40mm Bofors 40L60

Message par marsouin54 » sam. 21 août 2010 15:47

Anecdote concernant le Bofors de 40 :
Août 1990, Saddam envahit le Koweit. Déclenchement de Desert Shield (qui se transformera en Desert Storm) pour les cainscains et de Salamandre (qui deviendra Daguet) pour la France, avec une débauche de matos "higthech". Pendant ce temps, à Djibouti, les FFDJ (13eme DBLE, 5eme RIAOM, EC 04.030 "Vexin" etc etc) sont mises en alerte. La 2ème Batterie du grand 5 est chargée de la défense anti-aérienne, car une attaque du Yémen, de la Somalie voire de l'Ethiopie est envisagée.
Donc, disais-je, la B2 du 5 déploie ses Stingers dans le port et la ville, et sur l'aéroport… ses vénérables Bofors de 40 tractés par de bons vieux GMC !

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Re: Canon anti-aérien de 40mm Bofors 40L60

Message par Jean-François BRILLANT » sam. 21 août 2010 16:53

Il est vrai que Djibout' a longtemps fait figure de musée vivant des matériels antédiluviens...
AD-4 Skyraider, GMC et Dodge, F-100 Super Sabre, Mirage IIIC, AMX13... ont fini leur carrière dans la corne de l'Afrique...
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Re: Canon anti-aérien de 40mm Bofors 40L60

Message par marsouin54 » dim. 22 août 2010 12:00

Yes, vu sur place :
Mirage III,
Alouette II et III,
Jeep Willys,
GMC,
Dodge 4x4,
Half track M16, quadruple de 12,7,
Bofors de 40mm,
30mm HSS,
AMX13-90 et SS11,
155 bf50,
105 HM2,
GBU15,
et comme véhicules modernes des Simca.

J'oubliais, la 13eme DBLE avait perçu des ERC90 Sagaie, des P4 et des VLRA, un luxe pour l'époque. Et j'ai vu arriver les premiers Mirage F1 venus remplacer les IIIC.

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Re: Canon anti-aérien de 40mm Bofors 40L60

Message par Jean-François BRILLANT » dim. 25 févr. 2024 19:39

Un canon anti-aérien de 40mm en batterie pour assurer la défense anti-aérienne d'une base des Forces Aériennes Stratégiques au début des années 1970.

bis_mindef_bofors-cn40aa_dca-fas_date_esprit-valmy.jpg
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Re: Canon anti-aérien de 40mm Bofors 40L60 (retiré du service)

Message par Jean-François BRILLANT » mar. 5 mars 2024 19:57

Canon anti-aérien de 40mm en action lors d'une école à feu du 34e Régiment d'Artillerie en 1987.

bi_droits-reserves_bofors-cn40aa_ra34_1987_suippes_esprit-valmy.jpg
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